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La Lésion d'Honneur
19 juillet 2016

Mesdames et Messieurs les importants de ce monde

importants

photo©vincent3m

Mesdames et messieurs les importants de ce monde, excusez mon intrusion dans votre petite sphère, mais j’ai comme l’impression que votre attitude actuelle, invectivant les « autres », ceux de l’autre bord, le bord où vous étiez, serez peut-être à nouveau, hurlant votre indignation devant les incapacités de ceux dont vous demandez la démission, de ceux qui vous ont précédés, votre attitude disais-je, me semble plus révélatrice d’une espèce de panique grandissante ? Cette espèce de profond malaise qui commence à vous bouffer sans que vous ne compreniez - sans que vous ne vouliez- réellement comprendre de quoi il s’agit ? Ce sentiment diffus que tous les attentats récents ne seraient que la résultante des politiques insensées que vous menez depuis des décennies ? Ces politiques qui ont fabriqué cette si belle société génératrice de haine, de frustration, de jalousie, de violence, cette si belle société désormais structurellement pathogène ?

Si, en son temps, le « démocrate » Bill Clinton a fermé les cliniques psychiatriques, la France souffre elle aussi depuis de longues années d’un retard dans le domaine de la santé mentale[1] [2]. De même, ces belles politiques ont conduit à la marchandisation puis à la criminalisation de la maladie[3] Tout le monde n’est pas d’accord sur le traitement de la maladie mentale bien sûr. Certains (Jean Oury) déplorait que les séjours en hôpital soient raccourcis, d’autres (J. L. Roeland [4] au contraire s’en félicitent, mais ce dernier constate que l’  «on note tout de même une corrélation forte entre précarité, difficultés dans l’enfance, troubles psychiques, passages à l’acte et emprisonnement. Si l’on compare les taux de prévalence en prison avec ceux des populations hors prison cumulant les mêmes facteurs de risques (précarité, niveau d’éducation faible, consommation de toxique, isolement social, immigration…) on voit que les taux de troubles anxio-dépressifs sont similaires, et peuvent atteindre 50 à 60 %. Dans certains pays en guerre ou en difficultés sociales majeures, les taux de prévalences de troubles psychiques en population générale atteignent les mêmes prévalences. »

Bien sûr, cela ne vous dérange pas trop de savoir que la France est le premier pays consommateur de psychotropes en tous genres !

On pourra aussi lire la thèse de D. Sechter « Les Rapports entre Psychiatrie et Justice Pénale»[5].

Alors plutôt que d’imaginer ne serait-ce qu’un instant la possibilité que la direction que vous prenez depuis si longtemps n’est peut-être pas la bonne, il est beaucoup plus facile d’avoir recours à l’épouvantail hideux de l’islamisme sanguinaire. Non que celui-ci n’existe pas ! (Encore que son rapport à la religion soit des plus ténus). C’est donc ainsi que l’on a pu très facilement coller l’étiquette de « terroriste religieux » à un taré qui, après avoir bien planifié son grand-œuvre de destruction sadique, s’est sans doute dit : « après tout, si Allah existe, j’ai intérêt à rejoindre sa bande vite fait ! » Alors, hop, en quelques jours il se taille le costume du séide à qui sera tout pardonné et le tour est joué ! Avez-vous remarqué avec quelle insistance on nous le présente comme un fanatique religieux tout en prenant soin de préciser que sa « conversion » est plus que récente ! Pain bénit pour Daesh qui saute sur l’occasion et revendique ! Comme dit l’autre, bientôt ils pourront revendiquer le naufrage du Titanic !

Alors mesdames et messieurs les importants, serait-ce trop vous demander que de devenir lucides juste trente secondes, le temps que la petite flamme qui vous fait éructer se transforme en grande torche éclairant l’absurdité dans laquelle depuis si longtemps vous plongez le monde ?

Tout le monde le sait : la religion, les religions n’ont jamais servi qu’à assouvir les desseins politiques des « dignitaires ». Invoquer la guerre religieuse est une grossière manipulation notamment de Daesh. Vous commettez la même erreur. Paul Rogers fait la même analyse :[6]  « Le vrai problème du monde ne sera en rien, un prétendu choc des civilisations, mais un risque de plus en plus rapide, de révoltes des marginaux…. Le monde économique produit plus d'inégalités et engendre de la marginalisation de masse, du ressentiment et de l'amertume. Ces souffrances combinées à l'apparition des limites environnementales mondiales persistantes, en particulier la perturbation climatique, sont le vrai cocktail explosif »(On pourrait sourire à l’évocation de la « perturbation climatique », mais si l’on relie celle-ci à la nécessité de trouver du pétrole par tous les moyens… !!!)

De nouveaux actes de barbarie auront lieu, évidemment. Donc, bien sûr que des mesures doivent être prises pour la sécurité de tous. Alors soit, on peut, à l’instar de Henri Guaino, le clown facétieux, déclarer qu’un militaire muni d’un lance-roquette aurait pu facilement empêcher le camion blanc d’opérer ! On peut aussi remuer de l’air comme l’ex précaire de l’Elysée en gesticulant et en affirmant de façon péremptoire des tas de choses impossibles ou déjà faites[7], mais désolé, tant que le tournant vers moins d’inégalités, moins d’anxiété, plus de partage etc. en deux mots, tant que le virage vers une autre société n’aura pas été pris, alors il y aura des raisons de péter un câble, d’en vouloir au monde entier, et pour les plus mal barrés, de passer à l’acte.

 Mesdames et Messieurs les importants, tirez les premiers, avec cette fois, les bonnes armes !

  



a) Des consultations hospitalières trop peu nombreuses

La première condition pour faire du malade et de son entourage des acteurs des soins est qu'ils y aient accès. Or l'une des particularités de la psychiatrie en France est l'ampleur de l'absence de prise en charge. Les structures hospitalières qui sont de fait seules à assurer celle des pathologies lourdes ne peuvent répondre à la demande de consultation d'une population de malades croissante et sujette à des pathologies de plus en plus diversifiées allant de la maladie d'Alzheimer à l'addiction aux jeux. Lors de son audition au Sénat, les propos du professeur Philippe Batel, chef de l'unité fonctionnelle de traitement ambulatoire des maladies addictives à l'hôpital Beaujon, étaient particulièrement précis : « Aujourd'hui, pour avoir un rendez-vous dans l'unité dont j'ai la charge, il faut entre trois et six mois d'attente, ce qui est pour moi une souffrance majeure par rapport à l'idée que je me fais de l'engagement du service public. Pourquoi ? Ce délai d'attente sélectionne les patients qui ont le moins besoin de moi et qui sont issus des catégories socioprofessionnelles les plus élevées ! J'ai des chiffres pour le démontrer. Le système tel qu'il est aujourd'hui va faire que je ne vais pas voir les patients pour lesquels je suis investi ! »

b) La lenteur du diagnostic et le non-diagnostic

L'autre difficulté est celle du diagnostic et de sa stabilisation. Comme le note le rapport du CNEH, il faut plusieurs années pour que les médecins s'accordent sur le fait qu'un patient souffre d'un trouble bipolaire. Dix ans en moyenne après consultation de trois ou quatre médecins. L'ignorance dans lequel se trouve l'entourage pour identifier les premiers symptômes, la tendance à banaliser la première crise font perdre un temps précieux avant la consultation d'un médecin spécialiste. Ainsi, pour les patients ayant finalement fait l'objet d'une prise en charge psychiatrique, il est souvent trop tard pour espérer agir efficacement sur la maladie.

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