C'est du pipeau ça non ?

photo©vincent3m

La Lésion d’Honneur de la semaine est versée à la CNAF comme petite prestation pour le nouvel effort que les dirigeants de cette vieille Caisse des Allocs viennent de produire dans la lutte contre la fraude. (ici) ) Alors évidemment, j’en entends déjà qui vont hurler « Ouais mais c’est pô normal, il y en a qui touchent à la place des autres, j’en connais qui touchent et moi j’ai rien et blablabla » Alors, OK, il existe des petits malins, des escrocs qui s’en mettent plein les poches et parfois sur le dos de gens dans la mouise. OK. Mais pourrait-on faire le même effort dans la lutte contre l’autre fraude, celle qui coûte TRÈS cher, et oui, la fraude fiscale : j’ai trouvé ce petit dessin bien instructif :(ici)

Mais j'ai quand même voulu creuser le sujet, et là, je me suis rendu compte qu'il était complètement impossible d'obtenir des chiffres un peu précis sur le sujet. Le député Brindeau, rapporteur de la commission d'enquête sur la fraude, oscille entre 14 et 45 milliards de fraude ! Vouiii ! (ici) Une broutille cet écart non ? Mais ce qui est le plus bizarre, c'est que le site de FranceInfo (qui semble se la jouer de plus en plus souvent  BFM), oublie carrément de rappeler que les sommes non réclamées par des personnes qui auraient droit à des aides s'élèvent à 14 milliards d'euros (ici) ! Vouiiii ! Une autre broutille non ? Alors, fraude au RSA : 800 millions ; fraude aux arrêts maladie : 149 millions ; fraude aux prestations familiales : 119 millions. (Sachant par exemple que certains individus n'hésitent pas à louer des logements pourris et à faire en sorte que les allocations logement leur soient versées directement par la CAF !) Mais, autre question stupide, que fait donc le gouvernement pour lutter avec efficacité contre le travail au noir ? (14 milliards de cotisations non versées), contre la fraude fiscale : 17 milliards à récupérer etc. Et puis, comme par hasard, une interview de Vincent Dubois sur Bastamag est venu éclairer un peu ma chandelle (ici) :  "Dès 1995, le premier ministre Alain Juppé politise la question [de la lutte contre la fraude]. Il s’agit pour lui d’assurer une saine gestion, mais aussi et surtout d’en faire la démonstration auprès des contribuables et des électeurs. Cette logique politique de départ n’a fait que croître ensuite, selon des dynamiques de surenchère internes à la droite, dans une compétition avec les fractions les plus droitières de la droite de gouvernement et avec le Front national. La « lutte contre l’assistanat » est alors devenue une thématique majeure de la droite. C’est allé croissant ensuite, la période la plus forte étant celle du quinquennat de Nicolas Sarkozy." Et ça ne s'arrête pas là : "entre la fraude fiscale et la fraude "sociale" l’écart est de 1 à 30. Dans une logique gestionnaire, il paraîtrait donc logique de s’attaquer prioritairement à la fraude fiscale. Or, on constate qu’à partir des années 1990, le contrôle fiscal est progressivement mis de côté alors que cette activité de contrôle est au même moment développée dans les organismes de protection sociale." Et le bouquet : "Quand on regarde au sein des bénéficiaires du RSA, on se rend compte que plus la précarité est grande, plus les personnes sont contrôlées." Salauds de pôvres ! Ah mais c'est qu'il est sympathique en diable notre petit pays. "Ouais mais vous oubliez évidemment de dire que le gouvernement a créé un truc d'enfer justement pour lutter contre la fraude fiscale !" (Vous avez bien sûr reconnu la voix de Mââme Voisine qui supporte de moins en moins qu'on critique son giflé de président !) Alors oui, le Service d’enquêtes judiciaires et fiscales (SEJF) a bien été créé sauf que... Cette configuration ne sera pas celle qui permettra de trouver les 60 milliards tant espérés, non que la fraude n’existe pas mais uniquement car les moyens sont encore sous-dimensionnés face à l’ampleur de la tâche. De plus, ce ne sont que des transferts et non des créations d’emplois pour notre ministère soulignait récemment Philippe Grasset, le secrétaire général de FO-Finances." (ici) Et vouiii ! Comme dans tous les services publics, de belles fanfaronnades cachent toujours de laides manœuvres : "suppressions de postes prévues pour 2019 : 42 agents aux services emplois, 28 à l’inspection du travail, 2 à la lutte contre le travail illégal…" (ici)

Alors, continuez à jouer du pipeau mesdames-messieurs les gouvernants puisqu'il reste encore assez de monde pour vous élire ! Vous auriez tort de vous priver ! Pendant ce temps, vos bons copains milliardaires continuent leurs ravages dans les médias. Une chroniqueuse d'Europe1 est priée de ne pas sortir sa vanne sur Zemmour... ce qui est choquant à plus d'un titre, d'abord parce que si Bolloré refuse qu'on se gausse (très- très) gentiment (ici) de son pote Zemmour, ça craint, ensuite parce que ça veut quand même dire que les chroniqueurs d'Europe doivent présenter leurs papiers avant de les lire à l'antenne !!! Et ça craint encore plus... ou bon, d'accord, ça craint pareil ! En attendant on est dimanche, jour du Saigneur et la CAF n'a pas réalisé que ça tombait encore en fin de semaine ! Alors on va en profiter à fond ! C'est tout !