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La Lésion d'Honneur
14 novembre 2010

Priez pour Saint David Cameron

anglais

photo©vincent3m

Il est rare que les bénéficiaires potentiels de la Lésion d'Honneur ne se montrent pas ! Il y a en général l'embarras du choix, mais cette semaine, on ne sait plus où donner de la bête ! Entre Florent Pagny qui dérape salement sur les "rebeus" du haut de sa planque à fric Etazunienne, RyanAir qui voudrait supprimer le droit de grève, Borloo qui n'en finit pas de jérémiader tellement il est assoiffé de pouvoir... j'ai choisi de donner un coup de Lésion d'Honneur comme on donne un coup de balai ou un coup de pioche à Cameron David, premier ministre londonien, pour ses déclaration sur le travail civique des chômeurs. Si vous n'avez pas encore entendu parler des clowneries de ce bouffon, sachez qu'il envisage d'obliger les chômeurs à faire des heures de travail civique ! Les arguments ne tiennent pas deux secondes face à l'ineptie de l'idée. L'article (ici) de Marianne n'est pas mal fait mais il oublie une chose : le travail civique ou travail d'utilité général est - jusqu'à présent- réservé à des justiciables, des condamnés. Chômeur / justiciables, même combat ! Au moins ça a le mérite d'être franc ! On savait la pauvreté criminalisée plus ou moins directement depuis longtemps mais on revient tout droit à ces lois (peut-être même toujours pas abrogées) qui, notamment dans l'Angleterre du XVII ème siècle, envoyait au bagne tous les "chemineux" du Royaume. Il n'y a pas si longtemps, des arrêtés municipaux anti-mendicité ont été pris par des municipalités soucieuses de préserver le bien-être consuméristes des chalands glandant autour des boutiques de luxe des centre-villes. Face à Cameron David et son Gvt, c'étaient de bien petits joueurs ! On a, là,  à faire à bien autre chose quand même ! Du travail d'orfèvre messieurs dames ! D'abord les travaux civiques et puis dans pas longtemps, les travaux forcés, les camps et puis après tout, pourquoi on s'emmerderait avec ces gueux ! Qu'on leur donne un « scavenger’s daughter » comme joujou et qu'on n'en parle plus !   A la question les salauds de pauvres ! A mort les chômeurs ! Bon, d'accord, pour l'instant il n'est question que de les réhabituer gentiment à l'activité physique ! Au boulot les feignants! Tiens au fait, et si on proposait à Raymond Domenech d'aller balayer les rues ou construire des routes hein ? Ben oui, ça m'étonnerait qu'il ne refuse pas trois offres d'emploi le pôvre client de Pôle Emploi qui émarge à 6000€ le mois ! Certains avancent que quand même, les chômeurs de longue durée, ça leur remettrait les idées et le réveil en place que de se lever matin pour aller balayer les chiottes, même qu'ils se sentiraient drôlement utiles socialement ! Et pis 'faut bien justifier les 200 ou 300 £ que l'Etat leur donne gracieusement non ?! Ah ben c'est sûr Mâam Thatcher ! Et son salaire de PM, il le justifie le Cameron ?!

D'autres pensent que si les richesses ET le boulot étaient mieux partagés il y aurait peut-être trois millions de chômeurs un peu plus heureux socialement mais le Saigneur me glisse à l'oreillette que ceux qui disent ça n'ont pas communié depuis des lustres et même qu'il ne les a pas vus au confessionnal du bistrot depuis belle burette... quand même ! On ne m'enlèvera pas de l'idée que le Cameron, il n'a pas dû y passer beaucoup de temps non plus, juste ce qu'il faut pour se faire pardonner vite fait toutes ses obscénités de Prime Minister... 

PLus sérieusement, vous pouvez aussi lire (ici) le très long document de Yann Moulier Boutang sur le travail et la liberté du travailleur où je trouve ces lignes :

"Mais il existe un autre niveau et un autre rapport du capitalisme avec le marché, mais pas n’importe quel marché, celui justement de la liberté. Et c’est en ce dernier seulement, que réside selon Marx le moteur secret du capitalisme. S’il s’agit de se vendre au plus offrant, il s’agit de la faculté laissée au salarié de chercher certes le meilleur patron, mais aussi de le quitter ou de refuser de travailler pour tel ou tel employeur, ou pour tout employeur disponible à ce moment là sur le marché. Cette liberté-là comprend donc bien le droit de quitter un employeur pour un autre (c’est l’application dans la sphère du travail de la liberté publique d’aller et venir sans entraves). Il y a donc dans le salariat en amont, et comme sa condition, une liberté constitutive, sans laquelle le marché du travail n’est pas différent du marché des titres de propriétés, ou des actifs marchandises inertes. La liberté du travailleur faisant face aux conditions du travail est la contrepartie indispensable à la concurrence des capitaux qui est censée assurer la péréquation des taux de profit et du taux d’intérêt entre les diverses branches de la production. Seul le marché de la liberté, et non plus celui du travail dépendant libre et salarié, est porteur d’une valorisation croissante, d’une révolution constante du rapport social."

et plus loin : "

"Bien avant John Locke, ou le Léviathan de Hobbes, il y a le cri parfaitement net des insurgés de la révolte anglaise de 1381 qui réclament l’abolition du Statut des Travailleurs de 1349-1351 et massacrent systématiquement les hommes de lois qui étaient responsables de son application au niveau national. Que prévoyait ce statut (nous disons bien statut) ? Il rendait illégal entre autres choses, aussi bien l’offre que la demande de salaire au dessus des niveaux de 1346 juste avant la Peste Noire. Le dispositif anti-mobilité déjà contenu dans les principales clauses du Statute of the Laborers se trouvait  renforcé par le contrat passé avec l’employeur obligeant le travailleur à rester avec lui un an ou plus selon la coutume. Les travailleurs devaient prêter serment de respecter ces dispositions sous peine d’être mis au pilori. Les petits exploitants obligés par manque de ressources à travailler pour autrui étaient obligés eux, à louer leurs bras aux salaires fixés et aux termes du contrat. Le contrat de travail les voulait dépendants, servants , salariés mais non libres. Non libres en particulier de demander des augmentations de salaire. Les barèmes maxima étaient calés sur ceux de 1346 et passer outre était puni d’une amende égale ou double du montant réclamé aussi bien pour le demandeur que l’employeur qui y avait cédé."...

Voilà à peu près où risquent de nous renvoyer d'ici peu les décisions du précaire du 10 Downing Street et je ne serais pas surpris qu'il fasse des adeptes très rapidement de l'autre côté de la Manche !

Bon ben c'est pas l'tout, mais avec tout ça, je vais finir par oublier qu'on est dimanche et qu'il n'y a que ça qui compte, surtout en fin de semaine.

PS (oui, je sais !!!) J'apprends avec plaisir que, fidèle au bon vieux principe qu'on ne change pas une équipe qui perd, le précaire de l'Elysée a appelé son vieux Filou à Matignon... Après les dernières élections calamiteuses, une réforme passée à la vaseline... Il a raison le Roquet, c'est ça le RESPECT du populo ! Ceci dit très franchement, je n'attendais rien de bien de ce changement !

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