Trop drôle !
C'est trop drôle ! Vraiment ! J'ai reçu ce message tiré du journal "Le Monde" ! J'en connais un qui doit avoir sacrément honte de cette homonymie ! Mais je ne dirai pas lequel !
Hormis
les syllabes d'origine hongroise de leur nom et un goût affirmé pour la
politique, ils n'ont pas grand-chose en commun : l'un, Nicolas Sarkozy, est
chef de l'Etat français, et glabre ; l'autre, Rudolf Sarközi,
visage rond et fières moustaches grisonnantes, n'est que conseiller
d'arrondissement à Vienne, où il a travaillé jadis comme
éboueur.
Il est
aussi le porte-parole le plus connu en Autriche de la communauté rom, un groupe
protégé, depuis 1993, au même titre que les autres minorités – slovène,
hongroise, tchèque, croate ou slovaque – issues de l'ancien empire des
Habsbourg.
"Au
Burgenland, à la frontière avec la Hongrie, il est possible d'enseigner dans les
écoles publiques en langue romani",
rappelle au Monde
M. Sarközi, né en 1944 dans un camp de
concentration.
Vieux
militant du Parti social-démocrate SPÖ, il suit avec inquiétude les mesures
prises par les autorités françaises contre les Roms venus de Roumanie et de
Bulgarie.
"Bien
sûr, on ne peut laisser se développer des campements sans contrôle, il ne s'agit
pas non plus de défendre la délinquance ou l'oisiveté. Mais si on offrait à ces
gens des terrains où ils puissent vivre dignement, ce serait un pas vers
l'intégration. Le point capital, qui exige le plus d'efforts, étant la formation
des jeunes",
souligne celui que l'extrême droite a surnommé "le roi
tzigane".
UN
PATRONYME TYPIQUE
Un
million d'euros, reliquat des sommes allouées aux Roms autrichiens par le
Fonds national d'indemnisation des victimes du nazisme (9 000 Roms et
Sinti, sur 12 000 recensés avant-guerre, ont été exterminés), a été investi dans
une fondation d'aide à la formation des jeunes, à condition qu'ils donnent des
preuves de leur bonne volonté.
Sédentarisés
de longue date, les Roms autrichiens restent trop souvent en marge ; leur
nombre est estimé à quelque 30 000, sur 8,3 millions d'habitants, grâce aux
immigrants poussés par les guerres interethniques dans l'ex-Yougoslavie.
"Nous
avons alors connu des situations de précarité semblables à ce qu'on voit en
France aujourd'hui",
relève M. Sarközi. En février 1995, un attentat à la bombe avait tué
quatre Roms à Oberwart, dans le Burgenland, suscitant l'émoi en
Autriche.
Depuis
cet épisode, attribué à l'extrémiste solitaire Franz Fuchs, qui s'est
suicidé en prison, le calme est revenu. Mais M. Sarközi déplore que sa
communauté, comme dans les autres pays d'Europe, soit trop peu présente dans le
champ politique, notamment à cause de ses divisions. Les choses étaient sans
doute plus simples à l'époque féodale, quand le comte Batthyany accordait
sa protection aux Roms du Burgenland et les plaçait sous l'autorité
exclusive de leur "voïvode" (chef régional), un certain Martin Sarközi.
Ce
"voïvode" peut-il avoir une lointaine parenté avec la famille hongroise de
Nicolas Sarkozy – version francisée de Sarközy –, anoblie en 1626 par
l'empereur d'Autriche ? "Qui
sait ?", se demande Rudolf Sarközi, qui note que ce patronyme est
typiquement rom : "Certains,
dans un souci d'intégration, l'ont même abandonné de crainte d'être
stigmatisés."
Après
l'élection de M. Sarkozy, en 2007, le président de l'Association culturelle
des Roms
d'Autriche lui a
envoyé le livre où il raconte son combat pour la reconnaissance politique et
juridique de sa communauté. Il a reçu un mot courtois du bureau de
l'Elysée.
Joëlle Stolz